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Procès du Mazan

Au coeur de toutes les polémiques

Par Ella Chaumelin


Le 2 septembre dernier, s'est ouvert à Avignon, devant la cour criminelle du Vaucluse, le procès d’une affaire hors du commun. Un procès qui fait grand bruit dans la petite commune du Mazan, mais aussi au-delà. En cause : une affaire de viols en réunion sur Gisèle Pélicot, pendant une période de près de dix ans, impliquant 51 accusés. Ces hommes, décrits par leurs épouses comme des « hommes ordinaires», sont jugés pour avoir violé Gisèle Pélicot, droguée et violée à répétition par des inconnus recrutés sur internet par son propre mari, Dominique Pélicot.


LE SCANDALE DERRIÈRE UNE VIE DE COUPLE ORDINAIRE


Gisèle Pélicot, âgée de 74 ans, a demandé que son procès ne se tienne pas à huis clos, déterminée à ce que «la honte change de camp ». Mariée depuis 1973 à Dominique Pélicot, le couple, parent de trois enfants, semblait mener une vie ordinaire. Cependant, derrière cette façade, Dominique Pélicot orchestrait l’impensable. Il recrutait des hommes en ligne pour violer sa femme, alors qu’elle était droguée et sédatée. Fait accablant : près de sept hommes sur dix acceptaient l’offre sordide, tandis que les autres gardaient le silence. Les accusés, âgés de 26 à 74 ans, viennent de tous les milieux sociaux, du chauffeur routier au

surveillant pénitentiaire, en passant par le pompier.


DES AVEUX GLAÇANTS ET UN CHOC DANS LA SALLE D’AUDIENCE


Le mari, Dominique Pélicot, a choqué la salle d’audience en affirmant sans détour qu’il était un violeur, tout comme « les autres hommes de la salle ». Ses déclarations glaçantes et l’ampleur des faits ont provoqué des réactions vives dans la salle du tribunal, mais également dans l’opinion publique. À l’issue d’une journée éprouvante d’audiences, Gisèle Pélicot a reçu un accueil émouvant en sortant du tribunal, entourée par des hommes et des femmes venus l’encourager dans son combat.


DES POLÉMIQUES QUI ENFLAMMENT L’OPINION PUBLIQUE


Les polémiques ne se sont pas fait attendre. Louis Bonnet, maire du Mazan, a défrayé la chronique en déclarant à la BBC : « Cela aurait pu être plus grave, après tout, personne n’est mort. » Des propos jugés choquants et déplacés. Autre controverse, Nadia El Bouroumi, avocate de la défense, a créé l’indignation en interprétant la chanson « Wake Me Up Before You Go-Go », un choix jugé particulièrement inapproprié, car il rappelle que Gisèle Pélicot était endormie, et donc inconsciente lors des viols.


UN SILENCE COMPLICE QUI ALIMENTE LA CULTURE DU VIOL


Les chiffres eux-mêmes sont glaçants : près de70% des hommes ayant reçu l’offre de Dominique Pélicot ont accepté de violer sa femme, et les autres ne se sont pas interposés. Ce manque de réaction souligne un autre point : le silence complicedans les affaires de violences sexuelles. En ne dénonçant pas les actes, les 30% restants ont eux aussi, à leur manière, contribué à la perpétuation des viols.


UN PROCÈS QUI RESTERA GRAVÉ DANS LES MÉMOIRES



Le procès se poursuit, et l’affaire du Mazan restera sans doute longtemps gravée dans les mémoires, tant par la gravité des faits que par les questions de société qu’elle soulève. Elle met en lumière une réalité glaçante : celle d’une justice qui peine encore à saisir la gravité du viol, à redéfinir la notion de consentement et à lutter contre une masculinité toxique profondément ancrée.

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