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Tentative d'assassinat de Donald Trump : mieux servir sa rhétorique

Au matin du 14 juillet 2024, en France, toutes les chaînes de télévision ne parlent que d’un seul sujet. Dans la nuit, lors d’un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie, l’ancien Président américain Donald Trump a été victime d’une tentative d’assassinat.


Le 13 juillet aux alentours de 18 heures, heure locale, Donald Trump entame son discours, casquette « Make American Great Again » sur la tête, devant ses partisans réunis. Ce meeting à Butler, dont le but final est de remporter l’Etat-clé de Pennsylvanie pour les présidentielles, est le dernier de l’ancien Président avant la convention républicaine qui doit débuter seulement deux jours plus tard.

A 18h11, Donald Trump est la cible de huit coups de feu, dont un seul le touchera. Dès le début des tirs, les agents du Secret Service dédiés à la protection de l’ancien Président se jette sur ce dernier pour le soustraire aux balles. Immédiatement, le candidat républicain porte la main à son oreille droite. Quand il la retire, du sang est nettement visible par tous les spectateurs et toutes les caméras. Lorsque Donald Trump se relève, environ 25 secondes plus tard, l’oreille ensanglantée, il effectue un geste déjà devenu historique : il lève le poing et scande « Fight » (« battez-vous ») à la foule, avec pour toile de fond le drapeau américain. Celui qui a fondé une grande partie de sa présidence puis de sa campagne sur la communication connaît le pouvoir des images. D’ailleurs, cette photo est partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux et fait, dès le lendemain matin, la Une des journaux du monde entier. En agissant ainsi, Donald Trump devient aux yeux de ses partisans le survivant désigné, celui qu’on a tenté de faire taire mais que Dieu a sauvé, selon la rhétorique trumpiste.


Bien que la survenue d’une telle attaque au sein de la première puissance mondiale soit dramatique et inquiétante, elle a en réalité été bénéfique au candidat républicain. En effet, ce dernier a alors bénéficié d’un élan de solidarité et de soutien de grande ampleur, ses partisans mais surtout adversaires condamnant fermement la tentative d’assassinat. A titre d’exemple, tous les anciens Présidents démocrates – Bill Clinton et Barack Obama – ainsi que Joe Biden, alors adversaire de campagne, se sont exprimés pour dénoncer cet acte impensable dans une démocratie. Ainsi, pendant quelques jours, Donald Trump n’était plus un candidat politique aux idées décriées, mais un homme, un père et un mari ayant failli perdre la vie. Chez les supporters de l’ancien Président, cette attaque a incontestablement renforcé la rhétorique déjà mise en place par son équipe de campagne. En effet, lors de la convention républicaine qui a officiellement investi Donald Trump, tous les membres du public portaient à leur oreille droite un bandage, tout comme leur candidat. A chaque phrase prononcée par l’ancien Président, les spectateurs scandaient à leur tour « Fight » unanimement. En étant la cible des balles, Donald Trump a renforcé l’image qu’il s’est lui-même forgée : celle d’un Président injustement privé d’un second mandat que les élites veulent éliminer car ses « vérités » dérangent.


De plus, la négligence dont semble avoir fait preuve le Secret Service lors du meeting de Butler renforce cette rhétorique. Installé sur le toit d’un hangar à l’extérieur du périmètre de sécurité, l’assassin a pu tirer plusieurs fois avant d’être neutralisé. Selon Kimberly Cheatle, ancienne directrice du Secret Service, cela constitue « l’échec opérationnel le plus important » de son agence depuis « plusieurs décennies ».


Thomas Matthews Crooks, le tireur de vingt ans originaire de Pennsylvanie, était enregistré en tant qu’électeur républicain. Toutefois, il avait fait des dons à des programmes démocrates au cours des années précédentes. Abattu par les autorités américaines, le tueur avait effectué le jour précédent des recherches sur Lee Harvey Oswald, auteur de l’assassinat du Président John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963. Thomas Matthew Crooks avait notamment fait des recherches sur la distance qui séparait Lee Harvey Oswald du Président à Dallas. Sa cible était donc claire : Donald Trump. Alors que le candidat a survécu, un de ses partisans, situé juste derrière lui, a reçu une balle dans la tête et a été tué sur le coup, sous les yeux de son épouse et de ses enfants. Deux autres partisans ont été gravement blessés par les balles de l’assassin. Une tragédie pour ces familles, un argument de plus pour Donald Trump.


Véritable drame, cette tentative d’assassinat aura sans aucun doute renforcé la stratégie de communication mise en place par le candidat républicain, qui se trouve plus que jamais au cœur de cette campagne.

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