LA PERTE
- Tom Gallet
- 12 sept. 2024
- 3 min de lecture
(Cet édito est hypothétique)
La perte ne se matérialise pas toujours par la disparition physique, psychique ou psychologique de quelqu’un ou de quelque chose matériel. La perte est à chaque fois une inconnue, un problème qui ne se résout pas ou bien trop longtemps après la survenance de l’acte, de la disparition.
Beaucoup de personnes disparaîtront dans nos vies. Pourquoi ne sommes-nous pas préparés ? Pourquoi ne nous a-t-on pas appris une méthode pour mieux supporter la perte ?
Ça n’existe pas, il n’y a pas de méthode à proprement parler afin de la pallier. Elle survient comme une porte claque au vent. C’est un événement insurmontable. La perte dispose d’une deuxième propriété. J’appelle cela l’amplitude de la souffrance. C’est une courbe indexée à la fonction perte. Elle se matérialise parallèlement à la perte et se caractérise par
l’apparition d’ondes négatives qui amplifieront ses effets et engendreront de la souffrance. L’amplitude de la souffrance se définit comme un univers de perte qui va injecter son contenu a priori et a posteriori. Le but de l’amplitude et d’amener le réceptacle (nous) à tendre vers le plus haut niveau de perte qui se caractérise dans sa forme
la plus grave par le refus de croire en la perte, une amnésie, une bombe à retardement... qui éclatera ... plus tard dans cet édito.
Cette amplitude de la souffrance a également une propriété. Comme toutes choses, elle a un début et une fin. Le début survient quand la possibilité de la perte arrive. A partir de là, elle augmentera graduellement en fonction du moment
où la perte surviendra. Si cette dernière disparaît, la souffrance la suit. A contrario, si la perte arrive, la souffrance augmentera de facto, jusqu’à atteindre son apothéose, sa limite, la rétention.
La souffrance disparaît dès lors que la perte est acceptée. Attention la souffrance change souvent de nature, pour devenir un manque puis un souvenir. Malheureusement dans sa forme la plus grave, elle peut changer de nature et passer en l’état d’une dépression affective. Le manque est tellement grand dans une société du manque du manque
qu’il ne reste par manque, une déprime.
La dépression, c’est le fait de ne pas vouloir surmonter un obstacle psychique. Cela nous morfond dans une bulle d’inconfort visible ou non de l’extérieur du réceptacle. Disclaimer, cet état peut ne pas disparaître si on en suit sa définition. Il faut donc tâcher d’y remédier tôt ou tard par des solutions douces. La dépression n’est pas dénuée de sens. Ce n’est pas en se forçant d’aller mieux qu’on va forcément réussir à en sortir. Il faut explorer des pistes créatives.
Faire appel à notre imaginaire. C’est d’après moi le seul état dans lequel il ne faut pas agir pour réussir mais bien penser avant tout.
Car oui, la dépression se joue dans les pensées. Le concret ne sert donc souvent pas à grand-chose. Tout se passe dans ton cerveau.
Tu dois agir dans ton subconscient, briser les verrous. La dépression est un mécanisme qui enraye ton cerveau, qui crée des nœuds et donc des blocages. Il faut donc venir les débloquer. Évidemment ce côté psychologique peut s’aider de la réalité, du concret. Pratiquer du sport, rire, se faire des câlins... Toute action qui parvient à réconforter votre cerveau, tout cela sont des moyens mais pas d’absolues finalités. Attention encore une fois, il ne faut pas tomber dans l’amnésie. Ne feignez pas le problème, déracinez le ! Si vous l'occultez, il reviendra de lui-même.
Ainsi donc prenez garde à la perte. Il n’y a ni remède ni préparation adéquate. Les seules cartes en notre possession sont de garder en mémoire l’amplitude de la souffrance. Avancer pas à pas, accepter la perte avant même qu’elle ait lieu.
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