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Gladiator II : Que vaut la suite, 25 ans après ?

Qui a-t-il de mieux que de parler cinéma avec une vraie passionnée ? Marie-Salomé Farraudiere nous livre, dans cette chronique ciné, ses impressions à la sortie de la salle. Propos recueillis par Tristan Nancey.


Le succès du premier Gladiator venait d’abord de ses décors et de sa mise en scène. Cette suite respecte les codes. Ridley Scott nous replonge 24 ans après en Rome antique, dans l’ensemble de ces territoires « barbares » colonisés par l'Empire romain.


Les plus beaux monuments ont été reconstitués à l’identique, notamment avec le Colisée, facilitant le travail des acteurs sur le tournage, comme l’a avoué dernièrement Denzel Washington lors d’une interview télévisée au 20H de TF1. Les scènes de combat sont magnifiées par une luminosité jaune pâle voire ocre par moment, insérée au montage.


La direction de la photographie est assurée par John Mathieson. Les magnifiques plans font briller les yeux du spectateur qui se croit naviguer sur l’eau avec les navires romains. Des plans sous-marins viennent sublimer les batailles navales, présentant les mouvements des navires.


Les combats mettent en lumière les talents de Lucius interprété par le jeune acteur irlandais Paul Mescal. Les prises de vue larges lors des affrontements collectifs avec d'autres gladiateurs contrastent les plans serrés des duels et permettent au spectateur de s'identifier au héros, de ressentir l'envie de combattre à ses côtés.


Les décors d’Arthur Max, toujours grand spécialiste des productions internationales malgré ses 78 ans et qui là encore avait déjà travaillé sur le premier opus, servent à directement nous plonger dans le récit. L’utilisation de nombreuses dorures et d'une palette de tons beige et blanc crée un contraste visuel saisissant. Les costumes de Janty Yates jouent également un rôle clé : sombres pour le héros, toujours vêtu de bleu ou de noir, tandis que des couleurs plus vives tels le rouge ou le vert sont utilisées pour l’antagoniste. Son ascension sociale déteint sur ses vêtements avec davantage de dorures. Les personnages sont ainsi mis en valeur dès qu’ils se trouvent dans l’arène, le Palais ou le Sénat.



Ces derniers sont d’ailleurs interprétés par un casting fourni, composé de jeunes talents et de grandes stars internationales : Denzel Washington, Paul Mescal, Pedro Pascal …


Paul Mescal convainc par sa prestation dans la peau de Lucius, notamment lors des combats. Toutefois, sa présence à l’écran reste moins marquante que celle de Maximus joué par Russell Crowe dans le premier volet. Bien que l’histoire repose à nouveau sur une vengeance, celle-ci se distingue par le développement du personnage de Lucius, qui retrouve finalement sa place de prince de Rome. Il aspire à défendre la grandeur de la cité et de sa démocratie protégée par le Sénat et souhaite abolir les combats dans l’arène.


Pedro Pascal en général Acacius livre une prestation poignante. Soutien du jeune prince mais également à l’origine du meurtre de sa femme, ce qui le conduira à des représailles dans la première partie du film. L’acteur dévoile l’ampleur et la subtilité de son jeu ô combien talentueux, plongeant le spectateur dans l’ambiguïté de ses choix : doit-il rester fidèle aux empereurs jumeaux Geta et Caracalla ou soutenir le coup d’État orchestré par les sénateurs et son épouse, la princesse de Rome ? Le spectateur reste captivé par ce personnage complexe jusqu’aux dernières minutes du film... Tenez-vous, le dénouement ne se fera pas avant !


On est finalement surpris par Denzel Washington ou l’antagoniste Macrinus. Bien qu’il incarne un adversaire redoutable pour Lucius, son développement scénaristique semble insuffisant, ce qui est d’autant plus étonnant avec Ridley Scott. Longtemps esclave pour le premier empereur Marc Aurèle, il nourrit une haine viscérale envers la famille royale et use de son charisme pour orchestrer sa chute. Cependant, au fil du film, il apparaît comme un homme profondément mauvais et narcissique, d’une cruauté implacable. Les empereurs jumeaux Geta et Caracalla, caricatures du pouvoir décadent, sont parfaitement représentés comme des enfants gâtés ayant affamé la cité de Rome. Le peuple, en colère, est ignoré par ces souverains qui ne se préoccupent que des jeux dans le Colisée. C’est Macrinus qui scelle leur destin : il décapite Geta, manipule Caracalla.



Bien que moins marquant que le premier volet qui respectait davantage l’esthétique des péplums des années 1990, ce film reste l’un des plus grands succès de l’année. Le travail technique et artistique est considérable, malgré une utilisation parfois excessive des technologies CGI, bien que de nombreuses scènes aient été tournées en extérieur, sans fond vert.


Le premier film, lauréat de cinq Oscars, demeure une référence en matière de jeu d’acteur, de narration et d’impact scénaristique. Ridley Scott, alors dans sa période faste, avait marqué les esprits avec une œuvre magistrale. Cette suite montre une petite baisse de régime mais le moins d’une légende reste pour tout spectateur un film à savourer !


Retenons cette citation de Maximus : « Ce que vous faites dans la vie résonne dans l'éternité ».




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