Et maintenant, que fait-on ?
- Tristan NANCEY
- 6 déc. 2024
- 3 min de lecture
Politique fiction ou Mission Impossible ? Face à cette situation complexe, tentons de résoudre l’équation en proposant quelques solutions qui seront caduques dès ce soir. Que faire donc ? Car si le président de la République Emmanuel Macron, actuellement en visite d’État en Arabie Saoudite, semble ne pas y attacher d’importance, il va bien falloir qu’il trouve une solution. Il sait qu’il ne pourra bénéficier cette fois de l’effet JO et de cette parenthèse enchantée qui lui avait permis de gagner du temps lors de la nomination estivale.
Si la démission de Michel Barnier est actée à compter du vote de la motion de censure, le président peut toujours décider de lui renouveler sa confiance. Aux yeux de la Constitution, cette méthode est bien réaliste, côté politique, ça passe forcément moins. Alors qui peut disposer des épaules pour Matignon dans ce contexte bien particulier ? On présentait Barnier comme le négociateur du Brexit, un homme de compromis. Force est de constater que la situation est moins simple qu’il n’y paraît.
On entend depuis lundi soir parler de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, soutien de la première heure mais ancien LR qui n’a jamais émis de critiques publiques sur le RN. Un profil finalement similaire au Savoyard de 73 ans, ce qui ne lui permettra pas de gagner en stabilité. D’autres évoquent plutôt l’hypothèse d’un Bruno Retailleau avec en ligne de mire, un guet-apens tendu aux Républicains et au RN.

Ceux qui prononcent le nom de Gérald Darmanin semblent déjà plus déconnectés. En effet, s’il y a bien un homme qui parviendrait à réunir l’hostilité de l’ensemble des camps, c’est bien l’ancien ministre de l’Intérieur. Du RN au NFP en passant par EPR, personne ne semble pressé de le revoir. D’autres pensent au centriste François Bayrou qui se voyait déjà à ce poste à de nombreuses reprises ces dernières années. La gauche désunie reste dans l’illusion de l’union par simple intérêt électoraliste. Même alliée, disposant d’une courte avance, elle ne pèse pas encore assez pour obtenir le poste tant convoité. En cas de nomination de Lucie Castets, ce à quoi semblent désormais opposés les Socialistes, ou d’une autre personnalité, la censure viendrait l’expulser au premier texte.

Le nom importe peu finalement puisque l’Assemblée ne peut être dissoute avant juillet prochain. La Constitution de notre Ve République, qui consacrait une prédominance des pouvoirs en faveur de l’exécutif, se transforme progressivement en retour d’une IVe République, à savoir un enchevêtrement de crises politiques et de gouvernement. L’Assemblée n’a jamais semblé autant ingouvernable, fracturée en trois blocs qui semblent plus que jamais irréconciliables alors que l’heure est, a contrario, aux compromis et alliances, texte par texte.
Cette crise politique et institutionnelle peut durer longtemps. Le PS a annoncé souhaiter la formation d’un gouvernement du front républicain (NFP) minoritaire avec un accord de noncensure de la part des macronistes. Cependant, le président de la République ne semble pas adopter la même position, ce dernier ne souhaitant pas un Premier ministre qui remettrait en cause sa réforme des retraites. L’impasse poussera-t-elle le locataire de l’Elysée à endosser la logique plébiscitaire qui faisait toute la grandeur de Charles de Gaulle, seul président de la Ve République à avoir démissionné après un référendum perdu, considérant que l’osmose avec le peuple français était capitale ? Rien n’est moins sûr, d’autant que cela dépend de la méthodologie employée lors de l’interprétation des textes constitutionnels. D’après l’article 6, « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct ». À suivre !
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